Nadejda Teffi : la langue russe en exil
DOI:
https://doi.org/10.6092/issn.2035-7141/18977Parole chiave:
Migration, Langue, Russe, Diglossie, BilinguismeAbstract
On peut expliquer la méconnaissance de Nadejda Teffi par les lecteur·ices français·es par le fait qu’elle publia exclusivement en langue russe, même après son départ définitif de Russie en 1918. C’est sur le terrain de la langue que nous proposons de mener notre réflexion, en tant qu’elle fut pour Teffi un enjeu de débat politique majeur, dans lequel elle prit position contre d’autres auteur·ices émigré·es, mais également un champ d’expérimentation poétique infini et fécond. Sur le pan métalittéraire, la langue russe en émigration a immédiatement été pensée par la diaspora comme un moyen de concurrencer la langue soviétique telle qu’elle se développait en Russie. La tentation de l’hypercorrection et du conservatisme d’une prétendue pureté de la langue constitue selon Teffi un péril pour la création littéraire et pour la formulation d’idées nouvelles. Sur le plan poétique ensuite, cette situation de diglossie est l’occasion pour Teffi d’une réflexion sur le génie des langues, et sur la non-correspondance entre les objets et les signes, plus particulièrement les signes traduits. Teffi nous entraîne dans un processus d’estrangement – остранение – à rebours, un exil langagier où la langue maternelle, familière et rassurante, ne parvient plus à désigner les objets devant lesquels elle reste impuissante.
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